De nationalité polonaise, mais originaire également de Lituanie, Miecislas de Dukszta fut enrôlé dans l'armée russe et envoyé en Asie centrale d'où il revint pour entrer dans un séminaire; mais il s'aperçoit vite qu'il n'est pas destiné à devenir prêtre.
C'est peu avant la première guerre mondiale qu'il s'établit à Genève, qu'il ne devait plus quitter. Il rêve de la libération de sa patrie qui est sous le joug tsariste, et se met en relation avec les nombreuses personnalités étrangères venues se réfugier à Genève dès le début de la guerre. Un institut international de hautes études et des beaux-arts est fondé en 1915, et M. de Dukszta en devient le curateur. Deux ans plus tard, il crée l'organe de cet Institut, la revue "Athenaeum", dont il assumera la rédaction et l'administration. Par la plume, il lutte pour la libération des peuples opprimés.
Philosophe, M. de Dukszta a développé une théorie "trifondamentale", le triunisme, qui trouve son application dans les domaines les plus divers. Tourmenté par l'abîme qui sépare la science de la religion, il établit une relation entre son système cosmogonique basé sur le triunisme et la conception trinitaire à la base de plusieurs religions.
M. de Dukszta était également compositeur, poète, littérateur et savant. Dans ses oeuvres musicales et poétiques, il exprime son sentiment patriotique et son romantisme, chantant tantôt la Patrie, tantôt l'Amour. Il est l'auteur de nombreuses études sur la mythologie lituanienne, la linguistique, l'histoire de la Pologne et de la Lituanie. On lui doit d'autre part diverses inventions, dont celle du "métrolumière", instrument pour examiner et mesurer l'intensité de la lumière du jour.
Esprit encyclopédique, M. de Dukszta a contribué aux sciences historiques et ethnographiques, à la psychologie et à la critique, à la mythologie et à la morale, à la poésie et à la musique, à l'organisation de sociétés scientifiques, littéraires et artistiques. Docteur en philosophie, membre de l'Institut national genevois, officier de l'Académie française, il reçut encore de nombreuses autres distinctions.
M. de Dukszta est décédé à Genève en 1950
[Corinne Chevrot, catalogue dactylographié 29, f. 124]